Comment faire face à l’agressivité qui s’exprime parfois lors des conseils municipaux, des réunions publiques ou des réunions internes ? Stéphane Descaves, spécialiste de la question, vous apporte quelques conseils.
Cédis : Bonjour Stéphane,
Nous recueillons régulièrement des témoignages d’élu·es qui nous font part de leur difficulté à faire face à des interlocuteurs parfois agressifs lors de conseils municipaux, de réunions publiques ou internes. Comment gérer ce genre de situations ?
S. D. : On perd ses moyens quand on prend une agression pour soi, à titre personnel. En revanche, si on considère que l’agression s’adresse soit à une étiquette politique, soit à un collectif que l’on représente, on peut alors rester concentré·e et se défendre. Une clé consiste donc à refuser de subir le coup.
Cédis : Comment se préparer avant de s’exprimer en terrain « hostile », et comment s’adapter lorsque ce n’était pas prévu ?
S.D. : Savoir comment fonctionnent nos émotions est important : ça permet de décrypter ce qui est à l’œuvre pendant un instant de crise, chez soi-même, chez l’adversaire, et dans l’auditoire.
- Qu’est-ce qu’une émotion ? une décharge d’énergie
- Combien de temps dure-elle ? quelques minutes
- Qu’indique-t-elle ? un besoin
A partir de ces repères simples, on peut décrypter rapidement la situation; pendant l’instant de crise, on peut alors enrayer la surenchère émotionnelle. Et, une fois l’intervention publique passée, on peut faire le point avec soi-même : en quoi me suis-je senti·e touché·e ? de quoi ai-je besoin ? que cherchait à obtenir l’adversaire ? au-delà des mots, qu’exprimait l’adversaire ?
Ces mini bilans sont à faire systématiquement. Ils permettent d’affronter les agressions suivantes de façon de plus en plus sereine.
Cédis : Quels seraient les principaux conseils à donner aux élu-es concerné-es ?
S.D. : Tout d’abord, en dehors des interventions publiques, il convient de prendre soin de soi pour être en bonne forme physique : les décharges émotionnelles dévorent une grande quantité d’énergie.
Ensuite, pendant l’instant de crise, un bon outil consiste à visualiser un objet ou un endroit (réel ou fictif) où l’on va aller stocker les commentaires agressants.
Par exemple, mentalement, on peut décider que l’on envoie l’agression verbale dans une poubelle ou ailleurs. Avec cette technique de visualisation, on parvient à préserver sa capacité de raisonnement tout en restant au contact de l’adversaire.
Et c’est la capacité d’analyse et de raisonnement qui nous permet d’affiner notre stratégie de réponse ; c’est elle aussi qui nous permet de réaliser si l’on peut s’appuyer sur l’auditoire. La conscience que le dispositif est triangulaire – l’élu·e, l’adversaire, l’auditoire – et non pas frontal entre l’élu·e et l’adversaire est précieuse.
Cédis : Merci Stéphane.
Stéphane Descaves est formatrice en communication et en régulation non-violente des conflits. Elle intervient sur ce sujet.