Les clés de la transition alimentaire par Christian Couturier, directeur de Solagro
Pouvez-vous présenter Solagro en quelques mots ?
Solagro est une entreprise associative au service des transitions énergétique, climatique, agroécologique et alimentaire, créée en 1981. Elle rassemble une équipe pluridisciplinaire d’ingénieur·es, énergéticien·nes, agronomes et spécialistes des sciences humaines qui aborde de manière systémique les défis qui pèsent sur le vivant et l’environnement, dans une vision de long terme. Concrètement, l’activité de Solagro s’organise autour de différentes thématiques : bioressources, agroécologie, énergie, climat, alimentation, biodiversité, bioéconomie, … abordées de manière transversale.
Solagro partage son expertise au travers de missions :
– d’ingénierie et de conseil, qui lui permettent d’accompagner une diversité d’acteurs sur le terrain ;
– de recherche et prospective, souvent menées en partenariat à l’échelle nationale ou européenne ;
– de formation et d’animation, pour partager les savoirs au moyen d’outils d’animation collective et de plateformes internet en libre accès.
Pour en savoir plus sur Solagro : https://solagro.org/
Zoom sur Afterres2050
Afterres2050 est le premier scénario de transition agricole et alimentaire pour la France qui vise à décrire un chemin de transition écologique pour concilier les différents enjeux auxquels nous faisons face et atteindre plusieurs objectifs : nourrir sainement 68 millions de personnes, ralentir la course du dérèglement climatique et s’y adapter, remplacer les ressources fossiles, faire face à la stagnation des rendements et à la perte des terres agricoles, maintenir et protéger les écosystèmes et la biodiversité, lutter contre les pollutions …
Le scénario Afterres2050 définit l’ensemble des leviers à activer pour y parvenir : régimes alimentaires, systèmes de culture et d’élevage, usage des surfaces et de la biomasse (pour l’énergie, la chimie, les matériaux), sylviculture, imports-exports … Il est le point de convergence de tous les savoir-faire développés au fil des ans au sein de l’association Solagro dans les domaines de l’agroécologie, de l’alimentation, des énergies renouvelables, de la forêt, de la lutte contre le changement climatique, …
Pour en savoir plus sur Afterres2050 : https://afterres2050.solagro.org/
Pourquoi avoir accepté de rédiger et coordonner le Pratique du Cédis sur l’alimentation ?
L’alimentation est une thématique qui permet de croiser des enjeux sociaux, environnementaux, climatiques et économiques, mais renvoie également à des questions identitaires, culturelles, hédoniques… Celle-ci est désormais au cœur de l’action de nombreux acteurs sur les territoires et intègre l’agenda politique des collectivités territoriales de plus en plus fréquemment. Il semble ainsi indispensable d’accompagner l’appropriation des enjeux liés à nos systèmes alimentaires par différents acteurs. Le rôle et la responsabilité des élu·es confirment et amplifient cette nécessité.
En quoi ce Pratique du Cédis sera utile aux élu·e·s ?
Tandis que la première partie de ce pratique propose une lecture de notre système alimentaire, la seconde, elle, s’intéresse aux actions qui peuvent être mises en œuvre pour améliorer la durabilité de ce système. En effet, ce Pratique propose d’abord un état des lieux de notre système alimentaire, qui vise à permettre aux porteurs de politiques agricoles et alimentaires locales de comprendre au mieux la situation actuelle de ce système, ses impacts, et les enjeux qui en ressortent. Ce constat mène à apprécier la nécessité des transitions agricoles et alimentaires.
La deuxième partie de ce Pratique, « Agir », constituée d’un ensemble de témoignages d’acteurs de territoires œuvrant pour l’amélioration de la durabilité de notre système alimentaire, donne des exemples concrets d’actions qui vont effectivement dans le sens d’une amélioration de la durabilité de ce système.
La complémentarité entre ces deux parties contribue à faire de ce Pratique un support utile à l’implication des élu·es dans des démarches de transitions agricoles et alimentaires
Pensez-vous qu’il y a une spécificité à former des élu·es ?
La formation des élu·e·s présente effectivement certaines particularités pour plusieurs raisons :
Cette formation s’adresse à des élu·es de territoires variés dont les spécificités doivent être prises en compte. Si les formations qui leur sont proposées ne peuvent tenir compte de l’ensemble de ces spécificités, elles doivent pour autant faire échos aux problématiques, enjeux et démarches qu’ils observent et accompagnent sur leur territoire.
L’accompagnement et la formation d’élu·e·s se distinguent de l’accompagnement d’équipes opérationnelles de collectivités territoriales par exemple. Les élu·es sont en effet confronté·es au besoin de collaboration avec d’autres élu·es chargé·es de thématiques et objectifs qui peuvent parfois entrer en tension avec des démarches de transitions agricoles et alimentaires. Ils·elles ont ainsi besoin d’être accompagné·e·s dès la construction d’un argumentaire, et également être en mesure d’avoir un regard sur les phases plus opérationnelles de ces démarches.
Le cadre législatif et réglementaire au sein duquel agissent ces élu·es doit également être pris en compte dans le cadre de cette formation : leur capacité d’action n’est pas infinie et doit être coordonnées avec l’action d’autres échelons.
En somme, si chaque public nécessite une adaptation de la formation qui lui est proposée, l’enjeu de la formation d’élu·es est de leur permettre d’adopter une vision d’ensemble de la thématique et du contexte, basés sur un savoir technique et de terrain et permettant d’aboutir à la proposition d’actions concrètes sur les territoires.